Ma révérence

Lupano. Rodguen, Ma révérence, Delcourt, 2013

Vincent est un jeune trentenaire en galère. Pour s’en sortir, il ambitionne (et je pèse bien mes mots), le braquage d’un fourgon blindé. Il choisit comme complice un énergumène répondant au nom de Gaby. Lupano et Rodguen nous livrent ici l’histoire d’un braquage rocambolesque..

ma révérenceVincent semble vomir la société occidentale, ses excès, ses dérives, ses injustices sociales… Il faut le dire elle ne la pas épargner. Il est temps de se venger, pour ce faire, un plan a été finement échafaudé.

couverture ma révérenceMais attention il ne s’agit pas de n’importe quel braquage. On parle ici d’un « braquage social » ! En effet Vincent s’érige en Robin-des-bois des temps modernes. « Le message c’est qu’on vole de l’argent sans violence, pour le redistribuer à ceux qui en sont privés ainsi qu’à tous les protagonistes de l’événement ». Noble tâche certes. Mais lorsque l’on a fait connaissance avec les protagonistes on ne peut s’empêcher de sourire. Les auteurs d’ailleurs ne se gênent pas pour tourner la situation en dérision le temps d’une planche à la fois drôle et touchante : lors de la répétition du braquage Gaby sort une vraie arme et par maladresse abat une chèvre. La réaction de Vincent est inattendue. Bon, d’accord, son objectif braquage sans violence a échoué avant même l’ouverture des hostilités. Mais, quand même, un futur braqueur de fourgon blindé n’est pas censé s’affoler à la vue du sang d’une chèvre décédée…

épisode la chèvreVous l’aurez compris Gaby est un vrai boulet. Il traîne, à lui seul, toutes les tares possibles et imaginables. Il a un physique disgracieux. Il boit comme il respire. Il est vulgaire dans ses propos comme dans son attitude. Puis pour couronner le tout il est raciste et homophobe. Bref, il cumule, le Gaby… Mais le narrateur (qui n’est autre que Vincent) tient à nous mettre en garde : « Le spectateur inattentif pourrait penser qu’il suit la route de monsieur « tout-le-monde », or pas du tout. Il est juste à côté, dans la contre-allée, ça fait 50 ans que ça dure… Il traverse le temps comme un héros, sans essayer le moins du monde de s’intégrer à la société qui fait tout ce qu’elle peut pour le rejeter, le dégueuler, se décoller de la semelle ». Personnellement, je suis moyennement convaincue. Mais il est vrai Gaby est un personnage attachant avec, finalement, un bon fond. Le dénouement de l’intrigue nous le prouve…

Planche ma révérenceIl faut quand même que je vous dise la raison qui est à l’origine de tout ça. Cette raison s’appelle Rana. Vincent l’a rencontré trois plus tôt, lorsqu’il décide de faire honneur à l’héritage de sa grand-mère en le dilapidant au Sénégal. Rana est une femme intelligente, libre et engagée. Malgré tout elle tombe sous le charme de Vincent (nul n’est parfait). C’est l’amour fou, passionnel jusqu’au jour où… Rana tombe enceinte. Vincent panique et, comme tout homme qui se respecte, prend lâchement la fuite (je plaisante.. un peu). Mais, quelques mois plus tard, il regrette : Rana lui manque. Puis, accessoirement, il aimerait bien faire la connaissance de son fils. Cependant pas facile de prendre soin d’une famille quand on a pas un rond…

RanaEn somme Vincent et Gaby sont deux loosers mal intégrés dans une société qui les a bien fait misérer. Le braquage semblait alors la seule issue à envisager… pour tirer leur révérence. Ils la tireront mais pas de la manière escomptée. Ce braquage surréaliste sert de prétexte à l’élaboration fine d’une chronique sociale qui flirte étroitement (et admirablement bien) avec les caractéristiques d’un polar à la fois drôle et dramatique.

Merci à la fine équipe du top BD des blogueurs pour cette belle découverte. Découvrez le billet de certains d’entre eux : Jérôme, Yvan, Noukette et Moka.

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