Portugal

Pedrosa, Portugal, Dupuis/Air libre, 2011

Simon Muchat est un auteur de BD en manque d’inspiration. Sa vie est morne, grise, vaine de sens. Il fait de son emploi d’animateur scolaire, son gagne pain, sans plus de conviction. Il végète. Claire, sa compagne, désespère et ne sait que faire pour le sortir de cette léthargie. Un voyage au Portugal apporte lumière et légèreté à son existence. Invité à un salon de la BD, Simon renoue avec les odeurs familières de son enfance.

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Ce retour au Portugal sort littéralement Simon du marasme dans lequel il s’est depuis trop longtemps conforté. Entre vague à l’âme et exaltation, il se réconcilie avec des souvenirs lointains, occultés et enfouis sous de lourds secrets de famille. Ce voyage introspectif a raison de son couple mais semble être salvateur pour son inspiration artistique. C’est avec un carnet à la main qu’il part à la rencontre des membres de sa famille, en quête d’une identité, sans doute à son sens morcelée.

 

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Cyril Pedrosa nous livre un récit intime et touchant d’un artiste en perte de vitesse et en quête d’existentialisme. L’auteur ne se contente pas de livrer au lecteur, il l’implique, l’emporte même dans ce voyage. Le jeu de coloration perturbe nos sens, nous désoriente et crée une confusion temporelle. Nous sommes aussi perdus que notre personnage. Cette introspection passe nécessairement par de la contemplation. Le trait fin et léger et les couleurs souvent chaudes révèlent et traduisent merveilleusement bien à la fois la situation physique et psychique dans laquelle se trouve Simon. L’atmosphère chaude et lumineuse du Sud se conjugue avec la nonchalance d’un Simon en quête de soi. Je n’adhère que rarement aux récits contemplatifs qui riment trop souvent pour moi avec ennui. Mais là je me suis laissée porter dès les premières pages.

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La quête d’identité de Simon est complexifiée par cette double culture dans laquelle il a grandit puis à laquelle on l’a arraché sans explication. Une double culture bien présente mais qui ne fait pas toujours sens pour soi et qui génère aussi de l’incompréhension pour la société que l’on quitte et celle qui  nous accueille rarement à bras ouverts. Un départ synonyme parfois de rupture familiale  : honte, colère, et non-dits marquent incontestablement la distance. Les immigrés portugais auxquelles Cyril Pedrosa à donner la parole, le verbalisent bien. Ces témoignages ont raisonné en moi comme un écho. J’ai rarement autant été touché par une BD. C’est un bijou.

Et s’il fallait mettre une note : 

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                                                                                         Chez Moka

25 réflexions au sujet de « Portugal »

  1. Comme je le dis à chaque fois, cet album est l’histoire de ma vie et de ma famille… Alors elle a une importance très très importante pour moi, et je suis touchée chaque fois qu’un nouveau lecteur est entré avec émotion dans cette histoire.

  2. J’ai lu beaucoup de bonnes critiques sur cette bd. Mais voilà plusieurs fois que je la prends dans le rayon… et que je la repose ! Le dessin ne me plait vraiment pas…

  3. Un récit ensoleillé ! Ce n’est pas l’album qui m’a fait découvrir Pedrosa mais c’est celui qui m’a convaincue de ne rater aucune de ses publications 🙂

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